Page:Eckermann - Conversations de Goethe, t1, trad. Délerot.djvu/191

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Je lus lentement le motif de chaque poésie. Les situations indiquées étaient si parlantes, si bien dessinées, que chaque mot me mettait devant les yeux tout un poëme. Celles-ci surtout me séduisirent :

I. Portrait d’une jeune Serbe ; sa craintive réserve : jamais elle ne lève ses beaux cils.

II. Luttes intérieures d’un amant, désigné pour conduire celle qu’il aime à son rival.

III. Inquiète sur son amant, la jeune Serbe ne veut pas chanter, pour ne pas avoir à prendre l’air joyeux.

IV. Plainte sur le renversement des mœurs : le jeune homme épouse la veuve, le vieillard la vierge.

V. Un jeune homme adresse à une mère ses plaintes parce qu’elle laisse à sa fille une trop grande liberté.

VI. Joyeuses confidences de la jeune fille au coursier qui lui trahit l’inclination et les projets de son maître.

VII. La jeune Serbe ne veut pas de celui qu’elle n’aime pas.

VIII. La belle servante d’auberge : son bien-aimé n’est pas parmi ses hôtes.

IX. Les amants se trouvent, joies et tendresses.

X. Quelle sera la profession de l’époux ?

XI. Joyeux babillages d’amour.

XII. L’amant revient de l’étranger ; il observe la jeune fille tout le jour ; le soir, il la surprend.

« Ces seuls motifs m’apparaissent, dis-je, aussi vivants que si je lisais les poésies elles-mêmes, et je ne me sens pas le moindre désir de voir comment ils ont été traités. »

— « Vous avez raison, dit Goethe, c’est bien cela ; mais vous voyez par là l’immense importance des motifs, importance que personne ne veut concevoir. Nos femmes n’ont pas de cela le moindre pressentiment, « Cette poésie