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servé. » Avant dîner, je fis, avec Zelter, une promenade à travers le parc du château, vers Oberweimar[1]. Beaucoup d’endroits lui rappelaient un temps disparu, et il me fit beaucoup de récits sur Schiller, Wieland et Herder, avec lesquels il avait été très-lié, ce qu’il considérait comme un grand bonheur de sa vie. Il me parla beaucoup de composition musicale et me récita plusieurs chansons de Goethe. « Quand je veux écrire la musique d’une poésie, dit-il, je cherche d’abord à pénétrer dans le sens des paroles et à me représenter la situation d’une façon vivante. Je me la lis ensuite à haute voix jusqu’à ce que je la sache par cœur, et, pendant que je me la récite et la répète, la mélodie vient d’elle-même. »

Le vent et la pluie nous forcèrent à revenir plus tôt que nous ne voulions. Je l’accompagnai jusqu’à la maison de Goethe ; il monta chez madame de Goethe pour chanter un peu avec elle avant le repas. — À deux heures, j’allai dîner. Je trouvai Zelter déjà avec Goethe, assis tous deux, et regardant des gravures de paysages italiens. Madame de Goethe entra, et nous allâmes à table. Mademoiselle Ulrike était aujourd’hui absente, ainsi que le jeune Goethe qui ne vint qu’un moment pour dire bonjour, et se rendit à la cour. La conversation du dîner fut extrêmement variée. Beaucoup d’anecdotes originales furent racontées aussi bien par Zelter que par Goethe ; toutes avaient pour but de mettre en lumière les qualités de leur ami commun, Fred.-Aug. Wolf, de Berlin. Ensuite on parla beaucoup des Niebelungen, puis de lord Byron et de sa visite à Weimar, que l’on espérait, ce qui intéressait beaucoup madame de Goethe. La fête de Saint-Roch, à Bin-

  1. Petit hameau sur la rive droite de l’Ilm, un peu au-dessus de Weimar.