Page:Eberhardt - Pages d’Islam, 1920.djvu/60

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Tout à coup, sur la plage déserte, parmi les herbes longues et verdâtres, les coquillages blancs et les galets noirs, Si Abd-es-Sélèm aperçut un corps de femme couchée sur le dos, vêtue d’une robe de brocart rose, et enveloppée d’un grand châle de cachemire.

Il s’approcha et se pencha, soulevant le châle.

Il reconnut la Juive, jeune et belle, les yeux clos, les lèvres retirées dans un sourire douloureux.

Deux coups de baïonnette avaient transpercé son corps et le sang inondait sa poitrine.

Si Abd-es-Sélèm se redressa.

Il regarda le cadavre pendant un instant et, dans sa pensée, il détailla les souvenirs de la nuit d’amour que, trois années auparavant, il avait prise à la belle Rahil, puis, du même pas tranquille, il reprit sa promenade, dans la splendeur plus ardente du jour éblouissant.