Page:Eberhardt - Pages d’Islam, 1920.djvu/51

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


LE MAGICIEN


Si Abd-es-Sélèm habitait une petite maison caduque, en pierre brute grossièrement blanchie à la chaux, sur le toit de laquelle venait s’appuyer le tronc recourbé d’un vieux figuier aux larges feuilles épaisses.

Deux pièces de ce refuge étaient en ruines. Les deux autres, un peu surélevées, renfermaient la pauvreté fière et les étranges méditations de Si Abd-es-Sélèm, le Marocain.

Dans l’une, il y avait plusieurs coffres renfermant des livres et des manuscrits du Magh’reb et de l’Orient.

Dans l’autre, sur une natte blanche, un tapis marocain avec quelques coussins. Une petite table basse en bois blanc, un réchaud en terre cuite avec de la braise saupoudrée de benjoin, quelques tasses à café et autres humbles ustensiles d’un ménage de pauvre, et encore des livres, composaient tout l’ameublement.

Dans la cour délabrée, autour du grand figuier abritant le puits et le dallage disjoint, il y avait