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tique où il reprend son kalâm et son travail suranné.

Le soir, à l’heure rouge où le soleil embrase le ksar, Hadj Hamouda, toujours seul, promène son rêve restreint, doux, sa mélancolie sans motifs extérieurs, au sommet des dunes, sur les pistes grises, entre les tombeaux disséminés.

Parfois, il s’arrête, les mains levées et ouvertes devant lui comme un livre, et il dit une fatiha[1] devant quelque tombeau anonyme ou quelque koubba blanche, esseulée dans le désert.

Après la prière de l’Acha, il rentre dans la boutique et reprend sur sa natte la prière commencée à la mosquée. Assis, la tête penchée, il égrène son chapelet, l’œil voilé d’un rêve plus lointain.

Puis, sur l’humble couche, toujours solitaire, il s’endort, sans regrets et sans désirs.

Exempt de colère et de passion, sans famille, sans soucis, Hadj Hamouda vit, attendant en paix l’heure inconnue…

  1. La Fatiha (sourate de l’Ouverture) la première du Korân.