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Aucun contour net et précis, aucune forme distincte, dans le scintillement immense du sable.

Les dunes lointaines semblaient des vapeurs amoncelées à l’horizon et les plus proche s’évanouissaient dans la clarté infinie d’en haut.

Nous passions sur un sentier étroit, au-dessus d’une petite vallée grise, semée de pierres dressées : le cimetière de Sidi-Abdallah.

Dans le sable sec et mouvant, nos chevaux las avançaient sans bruit.

Tout à coup, nous vîmes une forme noire qui descendait l’autre versant de la vallée, se dirigeant vers le cimetière. C’était une femme, et elle était vêtue de la mlahfa sombre des Soufiat, en draperie hellénique.

Surpris, vaguement inquiets, nous nous arrêtâmes et nous la suivîmes des yeux. Deux palmes fraîches dressées sur un tertre indiquaient une sépulture toute récente. La femme dont la lune éclairait maintenant le visage ratatiné et ridé de vieille, s’agenouilla, après avoir enlevé les palmes.

Puis, elle creusa dans le sable avec ses mains, très vite, comme les bêtes fouisseuses du désert.

Elle mettait une sorte d’acharnement à cette besogne.

Le trou noir se rouvrait rapidement le