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LA MAIN


Une réminiscence, vieille déjà de quatre années, du Souf âpre et flamboyant, de la terre fanatique et splendide que j’aimais et qui a failli me garder pour toujours, en quelqu’une de ses nécropoles sans clôtures et sans tristesse.

C’était la nuit, au nord d’El-Oued, sur la route de Béhima.

Nous rentrions, un spahi et moi, d’une course à une zaouïya lointaine, et nous gardions le silence.

Oh ! ces nuits de lune sur le désert de sable, ces nuits incomparables de splendeur et de mystère !

Le chaos des dunes, les tombeaux, la silhouette du grand minaret blanc de Sidi Salem, dominant la ville, tout s’estompait, se fondait, prenait des aspects vaporeux et irréels.

Le désert où coulaient des lueurs roses, des lueurs glauques, des lueurs bleues, des reflets argentés, se peuplait de fantômes.