Page:Eberhardt - Pages d’Islam, 1920.djvu/26

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

par les meilleures qualités d’observation et d’exactitude.

Quand elle indique un village, une tribu, un détail de route, une perspective, on peut être certain que tout est en place. D’ailleurs personne n’avait vécu comme elle chez les paysans de cette côte.

Il est encore très significatif que dans la sordide et magnifique Casbah d’Alger, son port d’attache, une certaine sorcellerie maugrebine l’ait attirée.

Elle aimait ces échappées d’eaux-fortes, ce demi-jour des intelligences, ces tâtonnements dans l’instinct et dans l’intuition. Au sortir de cette « obscurité », elle n’a voulu voir que la terre des fellah et des pasteurs.

Son intelligence éveillée n’a pas méprise l’ignorance qui recèle des trésors de sensibilité ; elle n’a pas médit de la paresse quand elle laisse une marge de rêve et de jouissance aux déshérités. Comment n’eût-elle pas été suspecte à ceux ; qui veulent faire du travail la seule loi du monde ?

Cherchons-la, dans son innocence vagabonde, plus nombreuse et plus simple que je n’ai su la peindre.

Figure à jamais disparue, elle s’est assise sur la natte comme un fumeur de kif ; elle a suivi pas à pas le « khammès » dans son labeur ingrat ; dans les cantines du Sud, à l’enseigne