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assez lourd pour faire pencher la balance en faveur d’une déclaration de libéralisme qu’on ne pouvait pas retarder plus longtemps. Maintenant des millions d’êtres oubliés, sacrifiés, mal représentés dans les conseils de la colonie et récompensés par procuration jouiront d’une considération réelle ; ils commencèrent à expérimenter quelques timides libertés qui en appelleront d’autres. Nous avons voulu cela. Que la disparue ne soit pas oubliée à l’honneur du bon combat !

Nous ne pouvions pas esquiver ces explications. Elles tiennent étroitement à la matière du livre qui va suivre. Négliger des pensées qui furent les nôtres en tête d’un recueil de nouvelles où les mêmes préoccupations se retrouvent sous une forme plus touchante serait vouloir ignorer les conditions de leur style. Ces pages d’Islam si émouvantes n’ont pas été écrites pour les cénacles. Elles furent conçues dans l’action et partirent dans les journaux.

Isabelle Eberhardt servait ses frères en les faisant connaître, en les plaçant dans le domaine de la sensibilité, au-dessus des luttes électorales où ils n’avaient pas de part. En même temps elle échappait elle-même, par la magie de la pensée, aux gênes matérielles d’un monde qui pouvait difficilement l’accepter sans se contredire.

On excusera de ces motifs quelques critiques