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tance une charte digne de nous. Elle ne leur sera pas indéfiniment refusée : déjà M. Jonnart, dont le nom restera attaché à l’Algérie nouvelle, a pu leur en offrir les prémices.

Nous n’avions pas cessé de réclamer depuis vingt ans les réformes que nous voyons peindre. Isabelle Eberhardt s’était associée courageusement à notre action, ce qui lui valut quelques haines et persécutions supplémentaires. Nous avons vécu des heures difficiles et pénibles quand seule notre double voix de raison contrastait avec la suffisance des uns et le mutisme obstiné des autres.

Mais l’horizon s’est éclairci. Le sang du sacrifice à nos autels devait apaiser les dieux de la conquête. Instruits à l’école du malheur, les indigènes musulmans vivront mieux demain, car le défrichement qu’ils ont accompli sous nos ordres a créé un nouveau pays, une nouvelle terre qui doit devenir plus douce à tous ceux qui l’habiteront.

Isabelle Eberhardt était naturellement portée à croire, qu’ « il n’y a rien à faire » ; cependant notre effort n’aura pas été stérile. Il allait susciter d’autres volontés, attirer d’autres forces et déterminer ou précéder les plus hautes interventions. L’inscription au grand livre de la dette morale du service militaire des indigènes devait intervenir enfin : l’impôt du sang fut