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Puis, Zouïna, accroupie à terre, admira Taalith.

— Tu es belle, œil de gazelle ! répétait-elle.

Taalith avait pris son miroir. Elle se regarda longtemps, comme en extase, si longtemps que Zouïna s’endormit.

Alors, retirant ses khalkhal sonores, Taalith sortit dans la cour toute blanche dans la lueur oblique de la lune, glissant sur le dallage, laissant les colonnades dans l’ombre bleue.

Comme en rêve, Taalith murmura : « Il doit être tard ! »

Enfiévrée, tremblante, elle appuya son front brûlant contre le marbre froid d’une colonne… Une insupportable douleur serrait sa gorge, un sanglot muet qui la secouait toute, sans une larme.

Les ornements de corail de son diadème eurent un faible cliquetis contre la pierre…

Alors Taalith tressaillit, se redressa, très pâle.

Dans un coin, le vieux puits maure sommeillait, abîme étroit et sans fond.

Elle se pencha un instant sur le mystère noir du trou… Puis, elle monta sur la margelle usée. Un instant, elle apparut ainsi, toute droite dans la gloire lunaire, comme une idole argentée.

Elle ferma les yeux, un murmuré pieux d’Islam