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...Le soleil se levait à peine, tout rouge, au-dessus des collines pierreuses, colorées de teintes virginales, d’un rose pâle, infiniment limpide. Le premier vent frais d'automne murmurait dans les peupliers argentés, le long des avenues françaises.

Les nomades en burnous blancs ou noirs, encapuchonnés, défilèrent sur leurs maigres petits chevaux ardents.

Ils étaient fiers de leurs cartouchières et de leurs fusils, les goumiers, et ils traversèrent sans nécessité toute la ville, attirant les femmes mal éveillées sur le seuil de leurs portes. Et c’était des adieux sans fin, des plaisanteries échangées au passage, avec les belles tatouées.

Mohammed excitait à plaisir son bel étalon bai qui bondissait joyeusement à la tête du goum. Avec sa veste bleu de ciel, toute chamarrée d’or, ses bottes rouges et ses burnous de fine soie blanche, le nomade avait grand air. Son lithoua de mousseline immaculée encadrait son visage régulier et pur, aux méplats de bronze poli, et adoucissait d’une ombre légère l’éclat superbe de ses yeux roux.

Devant la porte d'Emmbarka, il s’arrêta et se penchant sur sa selle en peau de panthère brodée d'argent, il dit un adieu ému et discret