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notes sur isabelle eberhardt

On put voir alors que les idées dont se réclamait Isabelle Eberhardt avaient aussi des échos.

M. le docteur Mardrus, le savant orientaliste qui nous devons la précieuse traduction des Mille Nuits et Une Nuit, et qui nous donnera bientôt le Korân dans toute sa véhémence, se trouvait en Tunisie avec sa jeune femme, quand ils apprirent la nouvelle de la mort d’Isabelle Eberhardt. Quelque temps auparavant, il avait tenu à nous dire combien les nouvelles algériennes d’Isabelle Eberhardt lui semblaient une chose belle de force et de vérité. À ce moment il put croire, sur la foi d’un renseignement de presse, que notre malheureuse collaboratrice serait enterrée à Bône, près de sa mère, alors que, suivant la volonté qu’elle nous avait exprimée, « elle devait rester à l’endroit où la frapperait son destin ».

La visite qu’il fit avec Mme Lucie Delarue-Mardrus, au cimetière de Bône, se trouve mentionnée en termes, émouvants dans une lettre qu’il nous écrivait alors.

L’épouvantable nouvelle nous parvint en Kroumirie. En même temps, nous apprenions par le même journal que les restes de ce que fut cette âme adorable allaient être transportés à Bône, pour y être inhumés dans le cimetière musulman. Notre résolution fut aussitôt prise. Malgré tous les obstacles et en dépis de nos projets et de nos travaux, nous traversâmes la Kroumirie et primes le train pour Bône.

Nous n’avions pu hélas ! malgré tout le désir, connaître de son vivant cet être choisi. Nous tenions du moins à toucher son tombeau.

À Bône, on nous expliqua que, seule, la mère était là, dans le sol musulman. Et on ne put nous confirmer la nouvelle qui nous avait fait venir jusque-là. Nous allâmes tout de même au cimetière, et, dès l’entrée, cette tombe nous arrêta. Nous demeurâmes là longtemps.

La mère d’Isabelle Eberhardt s’appelait donc :

FATHIMA-MANOUBIA