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notes sur isabelle eberhardt

Elle n’avait d’ailleurs pas perdu tout espoir de retourner en Algérie. Par son mariage avec M. Sliman Ehnni, d’origine indigène, mais fils d’un père naturalisé français, elle acquit bientôt la qualité de Française et rentra à Alger, en dépit de ses proscripteurs, par la grande porte de la naturalisation.

Nous la vîmes venir à nous vers la fin de l’année 1901, un peu gauche et l’air « collégien pâle » dans son mince complet de drap bleu, quelle devait bientôt quitter pour porter d’une façon constante le burnous des cavaliers arabes.

Elle n’avait encore presque rien écrit, mais ses premiers essais et un petit roman Yamina, publié dans un journal de Bône, nous intéressèrent par des promesses de talent et, mieux encore, par une grande somme d’observations.

Quelques mois plus tard, le mari d’Isabelle Eberhardt, qui sortait de l’armée, fut nommé secrétaire indigène de commune mixte. Les deux époux allèrent habiter Ténès pendant quelque temps. L’histoire des persécutions que notre amie eut à souffrir dans cette petite ville algérienne, cruellement divisée sur des questions d’honnêteté publique, les basses intrigues qui se nouèrent autour de sa personnalité littéraire, malgré la sympathie et la haute estime que lui témoignait l’administrateur de la commune mixte, M. Bouchot, font partie d’un incroyable et véridique roman politique, qui se trouve exposé dans notre journal l’Akhbar.

Isabelle Eberhardt a indique elle-même comment elle nous suivit à l’Akhbar, où elle fut, jusqu’au dernier moment, notre dévouée collaboratrice. C’est là qu’elle publia les œuvres de longue haleine Trimardeur et Sud-Oranais. Dans le même temps, elle donnait aussi à la Dépêche