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notes sur isabelle eberhardt

méfiance de ce bureau le chef de l’annexe d’Eloued, les officiers du bureau arabe et de la garnison, ainsi que le médecin-major furent pour moi de la plus grande bonté, et je tiens à leur donner un témoignage public de ma reconnaissance.

— Dans cette même lettre, Isabelle Eberhart établit, par un rapprochement de faits, comment il lui a paru qu’Abdallah, son agresseur, n’avait été qu’un instrument entre d’autres mains[1].

« Il est évident, conclut-elle, qu’Abdallah n’a pas voulu me tuer par haine des chrétiens, mais poussé par d’autres personnes, et ensuite que son crime a été prémédité.

« J’ai déclaré à l’instruction que j’attribuais en grande partie cette tentative criminelle à la haine des Tidjanya pour les Kadriya et que je supposais que c’étaient des « haba » ou khouans Tidjanya qui s’étaient concertés pour se débarrasser de moi qu’ils voyaient aimée par leurs ennemis, ce que prouve la désolation des khouans Kadriya quand ils apprirent le crime.

« Quand je passai, portée sur une civière, par les villages des environs d’Eloued, lors de mon transfert à l’hôpital, les habitants de ces villages, hommes et femmes, sortirent sur la route en poussant les cris et les lamentations dont ils accompagnent leurs enterrements. »

Le fait reste celui-ci :

Le 29 janvier 1901, Isabelle Eberhardt, se trouvant au village de Behima, où elle avait accompagné le mokaddem

  1. Le père de l’accusé déclara devant le Conseil de guerre que son fils lui avait déclaré « qu’il avait été poussé par le cheikh et ses serviteurs, et par un envoyé de Dieu ».