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notes sur isabelle eberhardt

Elle veut aller plus loin, pousser jusqu’au grand désert. On lui conseille de s’adresser au bureau arabe.

Suivons ici son carnet de route, complété par sa correspondance.

« Comme je dînais à l’hôtel de l’Oasis, le capitaine de Susbielle, rencontré dans la journée, me propose de me joindre à son convoi pour aller à Touggourth. J’acceptai d’abord, mais, dans la soirée, au cours de mes conversations avec les indigènes, mon intention le modifia quand j’appris la rudesse de cet officier envers les musulmans. Je n’avais pas le temps de contrôler leur dire, mais, désireuse de bien connaître les mœurs du Sud, je ne voulais pas m’aliéner la sympathie des indigènes et, le lendemain, quand le capitaine de Susbielle vint me chercher pour partir, je m’excusai de ne pas me joindre à ton convoi, retenue que j’étais à Biskra par des lettres de ma famille qui devaient m’y rejoindre. Il me dit qu’il m’attendrait à Chegga, deuxième étape sur la route de Touggourth.

« Le 18 juillet au soir, départ (avec Salah et le Bou Saadi Chlély ben Amar) pour Touggourth. Mes compagnons ne sont pas pressés de se mettre en route. Nous nous attardons jusqu’à 2 heures du matin, café Chéoui, au vieux Biskra, avec les fils d’un marabout et les spahis, parler des choses du Sud.

« Le 19, à 9 heures, arrivée à Bordj-Saàda (Teïr-Rassou). Sieste lourde dans la chaleur après la marche de nuit. Réveil paresseux. Nous musardons.

« Joué aux cartes avec les Chaoulya (berbères de l’Aurès) d’une caravane campée près du bordj.

« Il est entendu que je suis un jeune lettré tunisien voyageant pour s’instruire et visitant les zaouïya du Sud.

« À Biskra, le lieutenant-colonel Fridel m’a demande au bureau arabe si je n’étais pas une méthodiste. Quand