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Il est donc bien injuste de m’accuser de menées anti-françaises.

Quant à la teinte d’antisémitisme que m’attribue votre envoyé spécial, elle m’est d’autant plus étrangère que, collaboratrice à la Revue blanche, à la Grande France, au Petit Journal illustré et à la Dépêche Algérienne, où je suis rédactrice attitrée, j’ai collaboré aux Nouvelles d’Alger, qui, nous la rédaction en chef de M. Barrucand, ont si largement contribué à détruire ici la tyrannie antisémite. J’ai passé à l’Akhbar en même temps que M. Barrucand, qui reprenait à nouveau ce vieux journal pour y poursuivre une œuvre essentiellement française et républicaine, et pour y défendre les principes de justice et de vérité qui doivent s’appliquer ici à tous, sans distinction de religion et de race.

J’espère, Monsieur le Rédacteur en chef, que vous voudrez bien insérer ma rectification et faire ainsi droit ma défense, que je crois très légitime.

Agréez, etc.

La mère d’Isabelle Eberhardt, en 1873, était restée veuve du général de Moërder, dont eue eut plusieurs enfants, qui occupent aujourd’hui de hautes situations administratives en Russe. Isabelle Eberhardt fut une fille de l’exil. Son grand-oncle et tuteur, dont elle parle dans son autobiographie épistolaire, s’appelait Alexandre Trophimowsky. C’était un homme très bon, très cultivé, d’esprit libéral, un peu solitaire. Dans un esprit de protestation politique, il avait quitté la Russie et s’était établi en Suisse. Ce fut près de lui que Mme de Moërder vint habiter après son veuvage et ce fut dans sa maison de la banlieue de Genève, dite « Villa Neuve », à Meyrin, qu’Isabelle Eberhardt naquit en 1877.

Elle y fut élevée suivant les idées de son tuteur sur l’éducation des filles, évoluées depuis Fénelon.