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bientôt. Hama Srir, à demi couché près de moi, tira son « matoui » (petit sac en filali pour le kif) et sa petite pipe. Je portais, moi aussi, dans la poche de ma gandoura, ces insignes du véritable Soufi. Nous commençâmes à fumer.

— Hama, raconte-moi ton histoire.

— Pourquoi ? Pourquoi t’intéresses-tu à ce qu’ont fait des gens que tu ne connais pas ?

— Je t’adopte pour frère, au nom d’Abd-el-Kader Djilani.

— Moi aussi.

Et il me serra la main.

— Comment t’appelles-tu ?

— Mahmoud ben Abdallah Saâdi.

— Écoute, Mahmoud, si je ne t’adoptais pas, moi aussi, pour frère, si nous ne l’étions pas déjà par notre cheikh et notre chapelet, et si je ne voyais pas que tu es un taleb, je me serais mis fort en colère au sujet de ta demande, car il n’est pas d’usage, tu le sais, de parler de sa famille. Mais écoute, et tu verras que le « mektoub » de Dieu est tout-puissant, que rien ne saurait le détourner.


— Deux années auparavant, Hama Srir chassait avec Sélem dans les environs du bordj de Stah-el-Hamraïa, dans la région des grands « chotts » sur la route de Biskra à Eloued.

C’était en été. Un matin, Hama Srir fut piqué par