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l’épidémie de typhus, et son jardin privé de toute culture ; alors, il a gagné le désert — à cause des impôts.

Le jeune Seïhi qui parlait ainsi avait attiré mon attention par la primitivité de ses traits et l’éclat sournois de ses grands yeux fauves. Il eût pu servir de type accompli de la race nomade, fortement métissée d’Arabe asiatique, qui est la plus caractéristique du Sahara.

Ahmed Bou-Djema, maigre et souple, semblait être son aîné, autant qu’on en put juger, car la moitié de sa face était voilée de noir, à la façon des Touareg.

Quant au plus âgé, il avait une belle tête de vieux coupeur de routes, aquiline et sombre.

Ahmed Bou-Djema portait, pendus à sa ceinture, deux superbes lièvres. Il s’écarta un peu du puits et, après avoir dit « Bismillah ! », il se mit à vider son gibier.


Le soleil avait disparu derrière les dunes, et les derniers rayons roses du jour glissaient au ras du sol, entre les buissons aux feuilles pointues et les jujubiers. Les touffes de drinn semblaient d’or, dans la grande lueur rouge du soir.

Sélem, l’aîné des deux frères, s’écarta de notre groupe et, étendant son burnous loqueteux sur le sable, il commença à prier, grave et comme grandi.

— Vous n’avez point de famille ? demandai-je à Hama