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— Tu es de Sidi Abd-el-Kader Djilani… Alors, nous sommes frères… Nous aussi nous sommes Kadriya.

— Dieu soit loué ! dis-je.

J’éprouvai une joie intense à trouver en ces nomades des confrères : entre adeptes de la même confrérie l’aide mutuelle et la solidarité sont de règle. Eux aussi portaient en effet le chapelet des Kadriya.

— Attends, nous avons une corde et un bidon ; nous ferons boire ton cheval et tu passeras la nuit avec nous ; demain matin, nous te ramènerons à ton camp. Tu t’es beaucoup éloigné vers le sud, tu as passé le camp des Rebaïa et, maintenant, en prenant par les raccourcis, il faut au moins trois heures pour y arriver.

Le plus jeune d’entre eux se mit encore à rire :

— Tu es dégourdi, toi !

— De quelles tribus êtes-vous ?

— Moi et mon frère, nous sommes des Ouled-Seïh de Taïbeth-Guéblia et celui-là, Ahmed Bou-Djema, est Chaambi des environs de Berressof. Son père avait un jardin à El Oued, dans la colonie des Chaamba qui est au Village d’Elakbab. Il s’est sauvé, le pauvre…

— Pourquoi ?

— À cause des impôts. Il est parti à In-Salah avec notre cheikh, Sidi Mohammed Taïeb ; quand il est revenu, il a trouvé sa femme morte, emportée par