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de tomber en pluie, tenue éveillée par les hennissements de frayeur et les ruades de mon pauvre cheval attaché à un piquet et bousculé par les chèvres inquiètes, je ne parvins plus à me rendormir.

Le vent avait cessé presque tout à fait. Aly était occupé à allumer un grand feu de broussailles. Nous nous assîmes tous autour du bienfaisant brasier, transis et courbaturés. Seul Aly conservait sa bonne humeur habituelle, nous plaisantant sur nos airs de déterrés.

Le jour se leva, limpide et calme, sur le désert où la tourmente de la nuit avait laissé une infinité de petits sillons gris, comme les rides d’une tempête sur le sable.

L’idée me vint d’aller faire un temps de galop dans la plaine qui s’étendait au-delà de la ceinture de dunes fermant notre vallée.

Aly resta pour reconstruire la tente et mettre en ordre notre petit ménage ensablé et dispersé durant la nuit. Il me recommanda cependant de ne pas trop m’éloigner du camp.

Mais bah ! dès que je fus dans la plaine, je lâchai la bride à mon fidèle « Souf » qui partit à toute vitesse, énervé, lui aussi, par la mauvaise nuit qu’il avait passée.

Longtemps nous courûmes ainsi, à une vitesse vertigineuse, ivres d’espace, dans le calme serein du jour naissant.