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DANS LA DUNE


C’était sur la fin de l’automne 1900, presque en hiver déjà. Je campais alors, avec quelques bergers de la tribu des Rebaïa, dans une région déserte entre toutes, au sud de Taïbeth-Guéblia, sur la route d’Eloued à Ouargla[1].

Nous avions un troupeau de chèvres assez nombreux, et quelques malheureux chameaux, maigres et épuisés, — épave de l’expédition d’In-Salah, qui a dépeuplé de chameaux le Sahara pour des années, car la plupart ne sont pas revenus des convois lointains d’El-Goléa et d’Igli.

  1. À ce moment Isabelle Eberhardt, partant comme un héros de roman d’aventures, s’était mis en tête de savoir au juste dans quelles conditions le marquis de Morès avait trouvé la mort. Les indices qu’elle avait pu recueillir à Tunis et dans le Sahel tunisien, l’année précédente, avaient lancé sa jeune curiosité dans cette voie.

    Elle devait, pour arriver son but, se familiariser avec les tribus nomades du Sud-Constantinois, vivre de leur vie, écouter patiemment les récits de la tente. — Elle trouvait surtout dans cette vie un merveilleux champ d’études.