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Il semble désormais inutile de revenir sur ce problème d’exégèse. C’était, en rendant justice à Isabelle, satisfaire ses intelligents lecteurs que de leur donner ce qu’ils attendaient de ses textes et de cette personnalité pressentie sous tant d’atours parfois pompeux et souvent affectés, assez peu assortis à une femme courageuse qui ignora la tiédeur des lits douillets et les plaisirs des trapézites. Ce qu’on peut requérir du critique, c’est à travers les textes, dégager la personnalité de l’écrivain. Dans les pages d’Isabelle Eberhardt, nous n’avons cessé de demander qu’on connaisse la femme, étrange, passionnée, émouvante. On la manifestera encore à travers ces nouvelles et ces impressions.

Tout est sincère en elle, a peine use-t-elle d’une transposition accommodée qu’on peut pardonner à une amazone échevelée qui a parcouru le désert à vingt ans et y mourut à vingt-sept ! Sans doute, son Anarchiste n’est qu’un poète peu dangereux et tolstoïsant ; il est le contraire d’un pragmatiste ; sans doute, aussi, c’est l’officier des bureaux arabes qui a raison contre Jacques, dans son roman réduit à une nouvelle sous le titre : Le Major  ; sans doute, enfin, il y a un état nouveau et un esprit différent dans la population indigène d’Algérie ; la partie documentaire, dans l’œuvre d’Isabelle, comme la tendance prosélytique portent une date et se réduisent à une manifestation de romantisme ; il suffit qu’on s’en souvienne. Ce qu’il importe de connaître, c’est la femme, celle de qui nous avons tenté