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lettres (!) qui, au retentissement du volume, se découvraient un cœur compatible, des souvenirs grandiloquents et une pitoyable phraséologie, de même on peut croire que le concours trop utile de V. Barrucand aurait pu se limiter à de vagues conseils, comme en reçoivent tous les jeunes écrivains qui ont des rapports avec leurs aînés. Nous en établirons les preuves les plus simples et les plus convaincantes :

La publication de Yasmina qu’elle écrivit un peu avant sa vingtième année à Bône.

Elle mit son manuscrit sous enveloppe et le glissa dans la boîte aux lettres d’un petit journal qui publia ce délicieux roman sans en connaître l’auteur ; deux ans après, elle en revoyait le texte et le copiait entièrement de sa main ; c’est cette leçon que nous publions aujourd’hui.

Les autres nouvelles sont de même provenance ; nous les avons prises dans les cahiers sauvés de la maison éboulée d’Aïn-Sefra et recueillis longtemps après par Mme Bulliod. Avant la publication des Journaliers, les admirateurs d’Isabelle Eberhardt ignoraient son écriture et cherchaient à démêler, dans les textes publiés sous son nom ou en collaboration, ce qui revenait à la Nomade ou à son éditeur. Cette discrimination s’opère aujourd’hui sans exégèse et la présente publication montrera l’impressionnisme sans artifice d’école en quoi réussit sans peine cette jeune femme. On pourrait reprendre presque l’œuvre entière et la désencombrer de nombreuses retouches stylistiques, de pléthores, de ces affectations verbales que d’aucuns