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Chapitre sixième

HOU MALIMALI.

Oubliant la promesse qu’il avait faite à Madden de se lever de bonne heure pour téléphoner à son père. Bob Eden s’attardait douillettement au lit. Le magnifique lever de soleil du désert, tant décrit dans les livres, avait dû se passer de son admiration, et une brume de chaleur s’étendait sur le monde aride. Après une bonne nuit de sommeil, Bob s’éveilla à neuf heures et s’assit sur son séant.

Il regarda autour de lui et bientôt il se rappela dans quelle partie de la Californie se trouvait située la chambre où il reposait. Un à un, les événements de la veille défilèrent dans sa mémoire. Tout d’abord la scène de l’auberge : le bifteck sauteur et la charmante jeune fille, dont la présence transformait ce maussade café en une véritable oasis. Ensuite le voyage dans le désert en compagnie de Will Holley, le salon somptueux de Madden, le fox-trot d’un orchestre de Denver, le millionnaire penché vers lui et réclamant les perles des Phillimore… Chan en pantoufles de velours, murmurant ses craintes et ses recommandations… enfin, les cris aigus du perroquet dans la nuit désertique.

Néanmoins, les vagues appréhensions avec lesquelles il s’était couché la veille se dissipaient dans la clarté du soleil matinal. Le jeune homme se jugeait ridicule d’avoir écouté le petit détective d’Hawaï. Chan était un oriental et, de surcroît, un policier… un tel homme ne pouvait considérer les événements qu’à travers mille préjugés. Somme toute, lui, Bob Eden, ne représentait-il pas la firme Meek et Eden ?

Il devait agir selon son propre bon sens. Qui dirigeait l’expédition, Chan ou lui ?

La porte s’ouvrit. Sur le seuil se tenait Ah Kim, dans la personne de Charlie Chan.

— Bonjour, Mossié. Vous lever si vou vouloi déjeuner.