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terez à la porte et vous entrerez à mon appel. Nous nous déchargerons immédiatement de notre fardeau.

— Ce serait une bévue irréparable !

— Comment ça ? Donnez-m’en la raison.

— Je ne le puis encore. Toutefois…

— En ce cas, je le regrette, mais j’agirai à ma guise et prendrai l’entière responsabilité de mes actes. Maintenant, je crois préférable que vous alliez prévenir Madden…

■■

Charlie sortit à contre-cœur. Bob Eden alluma une cigarette et s’assit devant le feu. Le silence enveloppait le ranch et le désert… un silence lugubre que rien ne semblait devoir rompre.

Eden se plongea dans ses pensées. Il ne pouvait attacher d’importance aux stupides appréhensions de Charlie Chan. Les Chinois aiment jouer la comédie et Chan venait d’assumer un rôle dans le drame forgé par son imagination et, malgré ses feintes protestations, il voulait continuer à espionner et à dramatiser les moindres faits. Telle n’était pas la manière américaine, en tout cas ce n’était pas celle de Bob Eden.

Le jeune homme consulta sa montre. Dix minutes s’étaient écoulées depuis que Charlie l’avait quitté et, dans dix autres minutes, il se rendrait à la chambre de Madden pour se débarrasser des perles. Il se leva et arpenta la pièce. De sa fenêtre, il regarda le désert gris s’étendant jusqu’aux lointaines montagnes qui profilaient sur le ciel leurs crêtes noires. «  Ce pays ne me convient nullement, songeait Bob ». Il préférait la foule grouillante, les bruits des tramways et les lumières électriques scintillant sur le pavé humide. Du mouvement et… du bruit. Il sentait quelque chose de sinistre dans ce silence… ce silence du désert.

Un cri horrible déchira la nuit. Bob Eden demeura figé sur place. De nouveau le cri retentit… puis une voix rauque et étrange prononça ces mots : « Au secours ! Au secours ! À l’assassin !… Au secours !… Lâchez ce revolver ! »