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naît son métier. Vous pouvez vous rendre dans votre chambre en traversant le patio. J’espère que vous dormirez bien.

— Merci. Bonne nuit !

■■

Bob Eden, derrière le Chinois, passa dans le patio. Au ciel, les étoiles du désert scintillaient, blanches et glacées. La bise soufflait. En pénétrant dans la chambre qui lui était réservée, Bob remarqua avec satisfaction que le feu était tout préparé. Il se baissa pour l’allumer.

— Je vous en prie, dit Chan. Cela fait partie de ma besogne.

Eden jeta un regard vers la porte fermée.

— Que s’est-il passé ? Je vous avais perdu à Barstow ?

— Après mûre réflexion, répondit Chan, je décidai de ne point attendre le train et quittai Barstow sur un camion chargé de légumes appartenant à un de mes compatriotes. Mieux valait arriver au ranch en plein jour. Sous le nom de Ah Kim je remplis ici l’office de cuisinier. Fort heureusement j’ai exercé cet art dans ma jeunesse.

— Et vous le pratiquez à merveille, observa Eden, amusé.

— Toute ma vie je me suis appliqué à parler couramment votre langue. À présent, je dois me faire violence pour m’exprimer en un langage moins châtié, afin de ne pas éveiller les soupçons.

— Oh ! cela ne durera pas longtemps. Ici tout paraît marcher sans anicroches.

Chan haussa les épaules, sans répondre.

— Tel est votre avis, n’est-ce pas ? demanda vivement Bob.

— Prenez ma modeste opinion pour ce qu’elle vaut, mais les choses ne semblent pas aussi claires que je l’aurais voulu.

— Comment ? Qu’avez-vous découvert ?

— Rien jusqu’ici.

— Eh bien, alors ?…

— Excusez-moi, interrompit Chan. Vous savez peut-être que les Chinois sont doués d’un esprit psychique assez accentué. Je ne peux pas expliquer en paroles ce qui va de travers dans cette maison. Mais au fond de mon cœur…

— Ne nous occupons pas de cela pour