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Le garçon, déguisé en cheik de cinéma, lui demanda ce qu’il désirait et, sur un menu taché, il choisit le plat du jour : « bifteck et oignons avec pommes de terre frites, pain, beurre et café : quatre-vingts cents ».

Le cheik s’en alla d’un pas nonchalant.

En attendant, Bob Eden regardait dans le miroir enfumé le visage de sa voisine. « Hé, pas trop mal », songeait-il, « même dans cette glace ternie. » Des cheveux dorés comme les blés s’échappaient en boucles de dessous un chapeau de feutre, et avec cela un teint qui ne devait rien aux salons de beauté. Il tenait son coude serré contre lui, afin de laisser plus de place à la jeune fille.

Soudain arriva un plat d’étain copieusement garni… mais pas d’assiette. Bob observa ses voisins et dut se rendre à l’évidence. La vaisselle était un luxe dédaigné de l’Oasis. Armé d’un couteau de fer et d’une fourchette, il mit de côté la garniture d’oignons et attaqua son bifteck.

Les premières impressions ne trompent point, et Bob Eden se rendit immédiatement compte qu’il affrontait un adversaire peu tendre et quelque peu récalcitrant.

Le bifteck soutenant son défi, après quelques minutes de lutte infructueuse, Bob appela le cheik.

— Apportez-moi un couteau d’acier.

— Il n’y en a que trois dans l’établissement et tous sont en main, répondit le garçon.

Les coudes serrés, les muscles tendus,