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M. Chan, bonne chance ! Et merci mille fois, dit Eden.

— Il n’y a pas de quoi. Un facteur ne marche jamais aussi bien que pendant son congé. Comptez sur mon dévouement. Au revoir !

■■

Chan suivit Bob Eden jusqu’au bac. Un moment après ils glissaient sur les eaux noires de la baie. La pluie avait cessé, le ciel était criblé d’étoiles, mais un vent froid soufflait de la Porte d’Or. Charlie Chan demeura seul appuyé sur la lisse ; le rêve de son existence se réalisait ; il connaissait enfin le grand continent. Les lumières jaunes de la ville grimpaient le long de la colline et déversaient sur l’autre pente.

La pensée de Charlie Chan se reporta vers la petite île qu’il habitait, vers sa maison sur la colline de Punch-bowl où sa femme et ses enfants attendaient patiemment son retour. Soudain, la distance qui l’en séparait l’effraya.

Bob Eden s’approcha de lui dans l’obscurité et lui désigna de la main la lueur rouge du ciel au-dessus de Grant Avenue.

— On passe une nuit joyeuse au quartier chinois, ce me semble.

— Certes oui ! dit Chan. Songez donc ! Demain est le premier jour de l’an… de l’an 4869.

Bob Eden sourit.

— Fichtre ! Comme le temps passe ! Bonne et heureuse année !

— À vous de même ! répondit Chan.

Le bateau continuait sa route. La bise devenait de plus en plus aiguë.

— Je rentre, fit Bob, qui tremblait de