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— Bonjour, Miss Chase.

La jeune fille répondit en souriant.

Sa profession de joaillier contribuait à développer chez Eden un goût naturel pour la beauté, qui ne lui faillit point le jour où il choisit comme employée Miss Chase : cheveux cendrés, yeux violets, manières et toilettes exquises.

Bob Eden, le fils du patron, que rebutait la vocation paternelle, prétendait qu’en arrivant dans le bureau de son père, on croyait entrer dans un salon où des gens du monde se réunissaient à l’heure du thé.

Alexandre Eden jeta un coup d’œil à sa montre.

— Dans dix minutes j’attends une visite, annonça-t-il… une vieille amie, Mme Jordan, d’Honolulu. Dès son arrivés, veuillez m’avertir.

— Bien, M. Eden, répondit la jeune fille.

Il pénétra dans son bureau directorial et se débarrassa de son chapeau, de son manteau et de sa canne. Sur la table se trouvait le courrier du matin ; il le parcourut l’esprit distrait. Bientôt il se leva et se dirigea vers l’une des fenêtres, où il demeura en contemplation devant la façade du building situé de l’autre côté de la rue.

Le brouillard qui enveloppait la ville de San Francisco la nuit précédente, s’attardait encore dans les rues. Sur cet écran d’un gris terne se dessinait aux yeux d’Eden un tableau saisissant de couleur, de lumière et de vie. Son imagination le reportait quarante années en arrière, et il se revoyait jeune homme de dix-sept ans, aux cheveux bruns et au corps souple.

Une nuit à Honolulu, — le joyeux Hono-