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Il tourna son regard vers Charlie Chan qui, debout à la fenêtre, observait, fasciné, la vie bruyante de Geary Street.

— Charlie ! fit Sally Jordan.

— Madame ! répondit Chan en se détournant, le visage éclairé d’un sourire.

— Tout à l’heure vous parliez de soulager vos épaules d’un pesant fardeau, de la joie que vous ressentiez…

— Certes, Mme Jordan, mes vacances commencent à présent. Toute ma vie j’ai souhaité venir admirer les merveilles de l’Amérique. Me voici à présent insouciant et heureux. Sur le bateau, ces perles me pesaient sur l’estomac comme un riz aigre.

— Pardonnez-moi, Charlie. Je vais vous demander de manger un autre bol de ce mauvais riz.

— Je ne saisis pas.

Elle lui exposa le projet de l’envoyer avec Bob dans le désert.

Chan demeura impossible.

— J’irai, promit-il d’une voix grave.

— J’attendais cela de vous, Charlie, et vous remercie.

— Madame, je garde dans mon cœur, comme dans un parterre fleuri, le souvenir ineffaçable du bon vieux temps où je servais dans la maison des Phillimore.

Il vit des larmes briller dans les yeux de Sally Jordan.

— La vie deviendrait une triste farce si la fidélité n’existait plus.

— Voilà un style fleuri, pensa Alexandre Eden.

Il introduisit dans la conversation une note plus prosaïque.

— On vous remboursera tous vos frais et votre congé se trouvera reculé seulement de quelques jours. Mieux vaut que