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que d’après les photographies reproduites dans la presse. J’en référai à mon homme de loi, qui prit l’affaire en mains et m’apprit bientôt que Delaney, sous menace d’être arrêté, avait promis de cesser cette duperie.

« Je crois qu’il y renonça effectivement, du moins dans la maison de jeux. Pour ce qui arriva par la suite, je ne sais rien de précis, mais j’ai des raisons de croire que mes conjectures côtoient de près la vérité. Les deux Maydorf, Shaky Phil, et — il désigna Gamble — son frère, plus connu de la police sous le titre de « Professeur », furent les cerveaux de la bande qui opérait chez Mac Guire. Depuis longtemps, ils devaient avoir échafaudé le projet de se servir de Delaney pour me personnifier dans une affaire. Ils ne pouvaient rien entreprendre sans l’aide de mon secrétaire, Thorn, et, de toute évidence, ils le trouvèrent disposé à accepter leurs conditions. Ils choisirent cette habitation du désert pour exécuter leur dessein. J’y viens rarement et je ne reçois presque personne dans ce ranch. Une fois que je m’y trouverais seul, sans ma famille, il suffirait de me faire disparaître en temps voulu. Alors, le faux P. J. Madden entre en scène avec le secrétaire, mieux connu des gens du pays… Personne ne conteste l’identité du monsieur, d’autant plus qu’il ressemble exactement à ses photographies. »

D’un air pensif, Madden tira quelques bouffées de son cigare.

« Voilà des années que je m’y attendais. Je ne craignais personne au monde, sauf Delaney. Il pouvait me faire un tort immense. La bande attendit longtemps, mais les gens de cette espèce font souvent preuve d’une grande patience. Voilà deux semaines, j’arrivai ici avec Thorn, et je flairai immédiatement quelque chose dans l’air. Il y a une semaine mercredi soir, assis à ce bureau, j’écrivais une lettre à ma fille Evelyn… Cette lettre se trouve sans doute encore entre les feuillets de ce buvard où je la glissai lorsque j’enten-