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duites en poussière. Autrefois, en cet endroit, on avait trouvé une mine d’argent et la foule s’y précipita. Les nouveaux arrivants bâtirent leurs demeures où la veine semblait le plus riche. L’argent ayant baissé de prix, les prospecteurs s’en allèrent, laissant la Mine du Jupon aux prises avec le pire des destructeurs : la désagrégation patiente et silencieuse des années d’abandon.

Ils parcoururent la rue principale ; l’auto faisait des embardées pour éviter des trous béants qui semblaient avoir été produits par des éclats d’obus. L’herbe envahissait les trottoirs. Deux constructions demeuraient encore debout et l’une d’elles se lézardait.

— C’est gai par ici ! observa Eden.

— Cette bâtisse sur le point de s’écrouler est l’hôtel, de l’Étoile d’Argent. Quant à l’autre, construite en pierre, elle ne dégringolera pas aussi vite : c’est l’ancienne prison.

— La prison ? répéta Eden.

— Il me semble que j’aperçois une lumière dans l’hôtel.

— En effet. Écoutez, Holley. Désarmés, nous serons certainement battus. Je vais me cacher dans le fond de la voiture et je me montrerai au bon moment. La surprise peut produire son effet sur notre adversaire.

Holley approuva cette excellente idée, Bob grimpa à l’arrière et se dissimula. Ils s’arrêtèrent à la porte de l’Hôtel d’Argent. Un homme sortit se dirigea vers l’automobile.

— Que voulez-vous ? demanda-t-il.

Bob et Holley reconnurent avec étonnement la voie aiguë de Shaky Phil Maydorf.

— Salut ! fit Holley. Je croyais que la Mine du Jupon était complètement déserte.

— La Compagnie songe à rouvrir la mine bientôt et je suis ici pour procéder à certains essais.

— Avez-vous découvert quelque chose ?

— La veine d’argent s’épuise, mais on trouve du cuivre dans ces montagnes là-bas à gauche. Vous vous êtes aventurés loin de la grand’route.

— Je le sais. Pour l’instant, je cherche une jeune fille venue ici ce matin. Peut- être l’avez-vous vue ?

— Depuis une semaine, personne n’est venu ici, sauf moi.

— Vous devez sûrement vous tromper. Si cela ne vous dérange pas, je vais moi-même jeter un coup d’œil dans les alentours.

— Et si cela me dérange ? grogna Maydorf.

— Hein ?

— Je suis seul ici et ne tiens nulle-