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— Après cet échec je vous laisse agir. Je ne vaux rien, comme détective.

Ils prirent le train de cinq heures et demie pour Barstow. Dans le wagon, Bob regarda son compagnon d’un air attristé.

— Charlie, nous voici à la fin de cette journée sur laquelle nous fondions de si grands espoirs. Quel résultat en tirons-nous ? Rien.

— Pas grand’chose, en effet.

— Nous ne pouvons continuer ainsi, Charlie. Notre situation est intenable. Nous devrions nous adresser au shériff.

— Que lui dirions-nous ? Excusez-moi de vous interrompre ainsi, mais je vous en prie, songez que nous ne pouvons fournir aucune preuve à l’appui de nos déclarations. Nous nous présentons devant le shériff et lui parlons d’un perroquet mort, d’un rat du désert à demi-aveugle et d’une valise bourrée de vieux papiers. Comment oserions-nous accuser de meurtre le millionnaire sur de si faibles indices ? Où est le cadavre ? Le premier policier se moquerait de nous si…

Chan s’arrêta net et Eden suivit son regard. Debout dans un coin de la voiture le capitaine Bliss, de la brigade criminelle, les observait.

Le cœur de Bob faillit lui manquer. Les petits yeux du capitaine scrutaient tous les détails du vêtement de Chan. Ils se reportèrent ensuite sur le jeune homme. Sans proférer un mot, le capitaine Bliss sortit et alla s’asseoir dans le compartiment voisin.

— Bonsoir ! fit Eden.

— Ne vous tourmentez plus, dit Chan. Inutile d’aller trouver le shériff, le shériff viendra lui-même nous voir. Nous ne traînerons plus au ranch de Madden. Le pauvre Ah Kim risque encore de se faire arrêter pour le meurtre de Louie Wong.

Chapitre dix-neuvième

UNE VOIX AÉRIENNE.

Ils arrivèrent à Barstow à dix heures et demie. Bob annonça son intention de passer la nuit à l’hôtel de la gare. Après un bref dialogue avec l’employé au guichet, Chan vint rejoindre son compagnon.

— Je retiens la chambre voisine de la vôtre, déclara-t-il. Le prochain train pour Eldorado part à cinq heures demain matin. Je prendrai celui-là. Vous attendrez le train suivant, à onze heures dix. Mieux vaut que nous ne rentrions pas ensemble. comme des frères siamois. Cet idiot de Bliss racontera assez tôt qu’il nous a vus en conversation dans le train.

— Comme il vous plaira, Charlie. Si vous avez le courage de vous lever pour prendre le train de cinq heures, mes meilleurs vœux vous accompagneront pendant que je dormirai encore.

Chan prit sa valise à la consigne et ils montèrent se coucher. Mais Eden ne se mit pas au lit immédiatement. La tête entre les mains, il réfléchissait.

La porte de communication entre les deux chambres s’ouvrit brusquement et Chan apparut, tenant dans la main un collier de perles lumineuses.

— Voici simplement pour vous rassu-