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Elle l’attendait sur le seuil de son salon, gracieuse comme une jeune fille dans sa robe de soie gris-perle. On ne peut le nier, songea Eden, chez les femmes le rang s’affirme encore davantage vers la soixantaine. Il prit la main qu’elle lui tendait en souriant.

— Bonjour, Alec. Entrez donc. Vous vous souvenez de Victor ?

Victor s’avança et Eden l’observa avec curiosité. Depuis des années, il n’avait pas vu le fils de Sally Jordan et il remarqua chez Victor, âgé seulement de trente-cinq ans, les traces d’une existence de citadin écervelé et noceur. Les traits de son visage s’empâtaient, sa taille s’épaississait et cette vie de noctambule dans les lieux de plaisir éclatants de lumières, avaient fatigué ses yeux. Mais, son costume atteignait la perfection : de toute évidence, son tailleur ignorait encore les embarras financiers des Phillimore.

— Entrez ! entrez ! fit aimablement Victor.

La grosse somme d’argent en perspective lui rendait le cœur joyeux.

— Alors, M. Eden, le grand événement doit se produire ce soir ?

— Quel bonheur de me sentir délivrée de ce souci ! déclara Sally Jordan. À mon âge, ce collier représentait une trop lourde charge.

Eden s’assit.

— J’ai envoyé Bob au quai, à l’arrivée du Président Pierce en lui recommandant de se rendre directement ici avec votre ami Chinois.

— Excellente idée ! dit Sally Jordan.

— Voulez-vous prendre un cocktail ? proposa Victor.