Page:Earl Derr Biggers - Le Perroquet chinois, paru dans Ric et Rac, 1931-1932.djvu/218

Cette page a été validée par deux contributeurs.

guitare hawaïenne, l’instrument en vogue à Hollywood.

Diane Day sourit et, au milieu d’un silence complet, entonna, en s’accompagnant, un refrain de music-hall londonien. Cette chanson, comme toutes les compositions de ce genre, ne pouvait convenir à un public d’enfants de Marie, mais elle la chanta fort bien d’une voix douce et prenante.

Ensuite, elle fit entendre la vieille mélodie : Way down upon the Swance River. On sentait des larmes dans sa voix et une tristesse poignante s’emparait de la salle. Rannie trouvait l’atmosphère trop grave à son goût et s’écria, dès que Diana eut fini le dernier couplet :

M. Eddie Boston au piano et M. Randolph Renault au saxophone vont maintenant vous jouer la ballade sentimentale du Vieux Mandarin !

— Ne les croyez pas toujours aussi tapageurs, dit Paula Wendell à Eden. Ils se permettent ce divertissement lorsqu’ils ont tout un hôtel à leur disposition, comme cela leur arrive généralement à Eldorado.

Les deux instrumentistes ne rencontrèrent que peu d’applaudissements. Jalousie professionnelle, songea M. Renault.

— Le prochain numéro de notre généreux programme suivra immédiatement. À toi, Eddie.

— Ah ! non. Cela suffit, s’écria la jeune Diane, Je n’ai pas encore pris ma leçon de charleston et l’heure s’avance. Eddie, je te prie de n’excuser.

Bientôt, toute la salle entra en mouvement, sauf les deux vieux assis dans leur coin. Les photographies encadrées et autographiées, offertes au patron de l’hôtel par d’autres célébrités cinématographiques, remuèrent avec bruit sur les murs et les fenêtres tremblèrent.

Soudain apparut dans l’encadrement de la porte un homme chauve à l’œil courroucé.

— Bon Dieu ! rugit-il Comment voulez-vous qu’on se repose ?