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dans un saxophone.

Un acteur d’âge mûr, au teint bronzé, tenait le piano. Dans un coin du salon, à l’ameublement démodé, une grande dame et un vieillard aux cheveux de neige, se trouvaient assis à l’écart. Eden alla près d’eux.

— Comment vous appelez-vous ? demanda le vieux, la main en cornet derrière l’oreille. Ah ! Enchanté de faire la connaissance d’un ami de Paula. Nous sommes un peu bruyants ici, ce soir, M. Eden. Cela me rappelle ma jeunesse… quand je faisais partie d’une troupe théâtrale. Le cinéma n’existait pas encore, n’est-ce pas, ma chère ?

La dame s’inclina légèrement et parla haut pour se faire bien entendre de son voisin, affligé d’une légère surdité.

— Non… mais, Dieu merci, je ne partais pas en tournées. M. Babesco me demandait rarement de quitter New-York. Pendant quinze ans, j’ai fait partie de la troupe Babesco.

— Une troupe de choix, observa poliment Eden.

— La meilleure école dramatique du monde, fit la dame. M. Babesco estimait fort mon talent. Je me souviens qu’une fois, à une générale, il m’avoua que, sans moi, il ne serait pas arrivé à monter sa pièce et il me donna une grosse pomme rouge, Vous savez que c’était la façon dont M. Babesco…

La cacophonie cessa momentanément et l’un des musiciens s’écria :

— Le malheureux ! Il entre à peine et elle lui raconte déjà l’histoire de la pomme. Vas-y, Fanny ! Parle-nous du temps où tu jouais le rôle de Portia. Que te disait Charlie Frohman ?

Fanny haussa les épaules.

— De mon temps, les acteurs possédaient quelques principes. On se moquerait un peu moins du cinéma si… Grâce à ma bonne étoile…

— Une minute de silence, s’il vous plaît, ordonna Paula Wendell. Je vous présente Miss Diane Day, qui va vous jouer de la