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— J’en suis fier, déclara Chan. Vous partez ?

— Je vais faire un tour en ville. Miss Wendell vient de me téléphoner. Il paraît qu’une troupe d’acteurs de cinéma est arrivée. À propos… c’est demain que Madden leur a permis de venir tourner ici. Je parie que le vieux n’y pense déjà plus…

— Mieux vaut ne pas lui en parler, peut-être refuserait-il son autorisation. Cela m’amuserait énormément de voir tourner un film. Rentré chez moi, lorsque je raconterai ce que j’ai vu à ma fille aînée, toujours plongée dans la lecture des ciné-magazines, les cendres de mes ancêtres frémiront.

— Espérons que demain, il vous sera donné d’assister à ce spectacle, dit Eden. Je rentrerai de bonne heure,

Bob Eden partit dans la petite automobile sous la clarté des étoiles de platine. Il pensa à Louie Wong, enterré dans le petit cimetière d’Eldorado, mais rapidement son esprit se tourna vers des sujets plus gais. L’auto passa entre les deux collines et bientôt les lumières joyeuses de la petite ville l’accueillirent.

Dès le seuil de l’hôtel, le jeune homme s’aperçut qu’il y régnait une animation extraordinaire. Du salon arrivaient des refrains, de la musique, des rires et des éclats de voix.

Paula Wendell vint à la rencontre de Bob et le fit entrer.

Le petit salon, à l’atmosphère étouffante, était plein d’une gaie société. Bob Eden vit les artistes de cinéma dans leur moment de loisir : gens charmants et puérils, ils paraissaient n’avoir aucun souci au monde. Une jolie jeune fille lui tendit une main qui le fit se souvenir du magasin de bijouterie de son père. Un grand jeune homme, que tous appelaient Rannie, vêtu avec une élégance consommée, cessa de torturer un saxophone pour le saluer :

— Bonjour, vieux. J’espère que vous avez apporté votre harpe.

Il souffla avec une ardeur redoublée