Page:Earl Derr Biggers - Le Perroquet chinois, paru dans Ric et Rac, 1931-1932.djvu/206

Cette page a été validée par deux contributeurs.

individu était assis à l’arrière.

« — Bonsoir, me dit le type au volant, pourriez-vous m’indiquer le chemin du ranch de Madden ? »

« Je lui répondis de continuer tout droit. L’homme assis au fond de la voiture éleva la voix : il voulait savoir à quelle distance se trouvait le ranch.

« — Tais-toi, Jerry, fit le petit bonhomme. Est-ce toi ou moi qui conduis ? »

« Ensuite, il se servit d’un langage énigmatique.

« — Vous trouverez une grand’route, puis une route ! Voilà qui n’est pas clair, Isaïe ! »

« Et il partit. Pourquoi m’a-t-il appelé Isaïe ?

— Avez-vous observé la figure de cet individu ? demanda Eden en souriant.

— Assez bien, étant donné l’obscurité. Un visage maigre et pâle, aux lèvres décolorées Il parlait l’anglais avec netteté et précision, un anglais très pur, à la manière d’un professeur ou d’un homme d’importance.

— Et l’homme qui se trouvait à l’arrière ?

— Je n’ai guère pu distinguer ses traits.

— Et quand avez-vous rencontré Madden ?

— Attendez ! De retour chez moi, je songeai : Madden se trouve en ce moment dans sa propriété. Les affaires n’ont guère été brillantes ces temps derniers. Si je m’adressais à Madden ? Il est riche. Peut-être réussirai-je à l’intéresser à Date City. Cela valait la peine de tenter une visite. Le jeudi matin je courus au ranch.

— Vers quelle heure ?

— Ma foi, peu après huit heures. À ce moment de la journée, je me sens beaucoup d’aplomb. Je frappai à la porte de la maison, personne ne répondit. J’essayai de l’ouvrir, elle était fermée à clef. Je fis le tour du ranch ; pas une âme en vue.

— Personne ici, fit Eden d’un air étonné.

— Pas un être vivant, à part les poulets et les dindons… et le perroquet chinois, Tony.

« — Bonjour, Tony, fis-je à l’oiseau.

« — Tu es un fieffé coquin, me répondit-il ».

« Je vous demande un peu si c’est ainsi que l’on traite un honorable marchand de fonds ? Au même instant, l’auto de Mad-