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que j’ai vu. Cela ne m’inquiète pas outre mesure ; cependant, je préférerais ne pas me présenter devant le tribunal.

— Je puis vous épargner cet ennui. Vous disiez avoir été témoin d’un meurtre…

— Mercredi dernier, dans la soirée, je me suis rendu au ranch de Madden. En pénétrant dans la cour, je constate qu’il n’y a rien à faire : de la lumière à toutes les fenêtres, une grande limousine devant la grange, à côté du vieux tacot de Louie : le patron est là. Harassé de fatigue, je me dispose tout de même à attendre Louie. Peut-être obtiendrai-je un petit repas et un coin pour coucher sans laisser soupçonner ma présence au millionnaire.

« Je dépose donc mon baluchon dans la grange et me dirige vers la cuisine. Louie ne s’y trouve point. Sur le point de m’éloigner, j’entends un cri venant de la maison, une forte voix d’homme très distincte : « Au secours ! Lâchez ce revolver ! Je vous reconnais ! Au secours ! Au secours ! » Jugeant inutile de me créer des ennuis, je demeure quelques instants indécis… De nouveau les cris retentissent… cette fois, ce n’est pas une voix humaine, mais la voix de Tony, le perroquet chinois. Ces paroles, prononcées par l’oiseau, prenaient un accent plus horrible encore. Puis j’entends une détonation… on a tiré un coup de revolver. Le coup semble venir d’une chambre éclairée, à l’une des ailes de la maison… une fenêtre est ouverte. Je m’approche et un nouveau coup retentit, suivi d’un gémissement. Sûrement le coup a porté. Je m’avance tout près de la fenêtre et je regarde à l’intérieur.

Cherry fit une pause.

— Alors ? demanda Bob Eden, haletant.

— Alors je vois une chambre à coucher, et l’homme, debout, tient encore à la main le revolver fumant. Malgré son air farouche, il semble effrayé de son acte. Un corps gît sur le parquet, de l’autre côté du lit, mais je ne distingue que