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Il tendit à Bob une enveloppe dont la suscription était tracée d’une écriture à l’ancienne mode. Elle émanait de Mme Jordan. La pauvre femme suppliait le fils du joaillier de conclure rapidement la vente des perles. Eden lut la lettre à haute voix. Mme Jordan ne pouvait comprendre le délai puisque Madden, l’acheteur, se trouvait là. Le perte de cet argent lui causerait de graves ennuis.

En terminant cette lecture, Eden regarda Chan d’un air de reproche, puis déchira la lettre en menus morceaux qu’il jeta dans la corbeille à papiers.

— Quant à moi, dit-il, je suis prêt à remettre le collier. Je trouve que nous agissons très mal envers cette chère vieille femme. Après tout, ce qui se passe au ranch ne nous regarde pas. Notre devoir…

— Excusez… intervint Chan. Moi aussi j’ai le sens du devoir et la loyauté fleurit toujours dans mon cœur.

— Eh bien ! que devons-nous faire ?

— Observer et attendre.

— Il me semble que nous ne faisons pas autre chose. J’y songeai encore ce matin. Un événement énigmatique en suit un autre et rien ne se précise. Une telle situation peut durer éternellement. Je commence à en avoir par-dessus la tête.

— Patience ! Les Chinois, depuis des siècles, cultivent cette qualité admirable avec l’amour du jardinier soignant ses fleurs, tandis que les blancs font fi d’une si modeste vertu… Quelle est la meilleure méthode ?

— Écoutez, Charlie. Tout ce que nous avons découvert au ranch regarde seulement la police.

— Le capitaine Bliss… ce crétin aux pieds énormes ?

— Qu’importe la longueur de ses pieds ? Remettons les perles à Madden, empochons le reçu, faisons venir le shériff et racontons-lui toute l’histoire. À lui de trouver les criminels.

— S’il est aussi malin que le capitaine Bliss, nul doute qu’il ne résolve tous ces problèmes, observa Chan d’un ton ironique. Je ne partage pas du tout votre avis.

— Je songe en ce moment aux intérêts de Mme Jordan.

Chan lui donna une tape amicale sur l’épaule.

— Je n’en doute pas, jeune homme. M. Holley, n’est-ce pas qu’il faut écouter les conseils des anciens ?

— Eden, Charlie Chan a raison. Le shériff est un brave homme, mais il ne sau-