Page:Earl Derr Biggers - Le Perroquet chinois, paru dans Ric et Rac, 1931-1932.djvu/149

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Chapitre dixième

LE CAPITAINE BLISS.

L’instant d’après, Madden se trouvait près de l’automobile. Eden et Charlie Chan devinèrent sur ses traits une colère contenue. Le millionnaire proféra un juron et arracha la lampe électrique des mains de Charlie, puis il se pencha sur le cadavre affalé au fond de la voiture. À la clarté de la lampe de poche, Bob observa sa grosse face rouge et ses yeux inquiets.

Là, dans l’auto poussiéreuse, gisait le corps inerte d’un homme qui, pendant de longues années, avait servi Madden avec fidélité. Cependant, le visage du financier ne trahit ni affliction ni regret… rien, sauf une rage croissante. Ceux qui affirmaient que Madden n’avait pas de cœur ne se trompaient guère, songea Bob.

Madden se redressa et tourna brusquement la lampe électrique vers le visage pâle de son secrétaire.

— Un joli travail ! grogna-t-il.

— Qu’avez-vous à me fixer ainsi ? dit Thorn d’une voix tremblante.

— Si cela me plaît, à moi, de vous regarder ?… Pourtant, Dieu sait si je suis dégoûté de votre face stupide !

— Je commence à en avoir assez, avertit Thorn, devenu soudain furieux.

Bob Eden observait avec étonnement ces deux êtres qui se mesuraient du regard. Il comprit que sous le masque cordial des relations quotidiennes, aucune amitié ne liait ces deux individus.

Soudain Madden éclaira Charlie Chan.

— Écoute, Ah Kim… cet homme était Louie Wong, le serviteur dont tu occupes la place. Maintenant, il faut que tu restes au ranch, même après mon départ… Cela te va-t-il ?

— Peut-êtle moi lester, mossié.

— Bien. Depuis mon arrivée dans ce maudit ranch, ta venue a été le seul événement heureux pour moi. Porte Louie dans la grande salle… sur le sofa. Je téléphone à Eldorado…

Il traversa le patio et rentra dans la