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dans la salle. Il demeura immobile, mais son attitude alerta le millionnaire tout aussi sûrement qu’un coup de feu.

— Voyons, qu’y a-t-il ? interrogea Madden.

— La mort ! répondit Ah Kim, d’un ton solennel. La mort fatale. Finies peines, finies misères !

— Allons ! explique-toi !

Thorn écarquillait les yeux.

— Pov’ petit Tony ! se lamentait Ah Kim.

— Eh bien… qu’est-il arrivé à Tony ?

— Pov’ petit Tony, li fêter la bonne année au pays de Hadès.

Aussitôt Madden se leva et courut au patio. Sur le sol, au pied du perchoir, gisait le corps inanimé du perroquet chinois.

Le millionnaire se baissa et ramassa l’oiseau.

— Mon pauvre petit Tony, murmura-t-il. C’est fini… il est mort.

Eden observait Thorn. Pour la première fois, il découvrit l’ombre d’un sourire sur le visage pâle du secrétaire.

— Pauvre Tony ! poursuivit Madden, il se faisait vieux. Et, comme dit Ah Kim, la mort est inévitable…

Il s’interrompit et scruta le visage impassible du Chinois.

— Je m’y attendais, ajouta-t-il. Tony ne se portait pas très bien ces derniers temps. Tiens, Ah Kim, emporte-le et enterre-le quelque part, fit-il, tendant au Chinois le paquet de plumes qui avait été Tony.

— Bien. Moi empolte li.

Dans la grande salle, l’horloge fit entendre deux coups nets et sonores. Ah Kim, en la personne de Charlie Chan, s’éloignait lentement. Il tenait l’oiseau mort dans ses bras et lui marmottait quelque chose en chinois.

Soudain il regarda derrière lui :

Hou malimali, prononça-t-il distinctement.

Bob Eden se rappela alors sa première leçon d’hawaïen.