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et devient à lui seul l’objet de la sexualité. Le besoin de fétiche se fixe et se substitue définitivement au but normal. On est passé d’une simple variation de la pulsion sexuelle à l’aberration pathologique.

5. S’interrogeant sur l’origine de cette aberration, Freud a d’abord partagé l’opinion d’Alfred Binet selon laquelle le choix du fétiche manifeste la persistance d’une impression sexuelle ressentie dans l’enfance. Il invoque également une association d’idées de caractère symbolique et généralement inconsciente. Ainsi le pied serait un symbole sexuel très ancien attesté dans la mythologie. Par association, le soulier ou la pantoufle symboliseraient les parties génitales de la femme.

6. Revenant ultérieurement sur le problème du fétichisme, Freud abandonne l’explication associationniste. La psychanalyse montre que derrière le premier souvenir se rapportant à la formation du fétiche se cache une phase oubliée du développement sexuel, un « souvenir écran ». Selon Freud, dans le choix du fétiche, l’amour refoulé des odeurs excrémentielles jouerait un rôle important. Ainsi, note-t-il, dans le fétichisme du pied, ce sont les pieds sales et malodorants qui fonctionnent comme objet sexuel. Dans une dernière analyse, Freud attribue le fétichisme du pied au refoulement de la « pulsion du voir ». Celle-ci, recherchant les parties génitales, est stoppée par des interdits et se fixe sur le pied ou le soulier. Pour l’enfant, le pied remplace le pénis dont il n’accepte pas l’absence chez la femme.

Voir aussi : Pulsions, Refoulement.