Page:EDMA - La psychanalyse, Le Livre de Poche, 1975.djvu/96

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Fantasme

1. On distingue en psychanalyse trois sortes de fantasmes : conscients, inconscients et originaires. Il s’agit dans tous les cas de représentations imaginaires, où le sujet est présent et qui s’opposent plus ou moins à la réalité. En ce sens, le fantasme se rattache au mécanisme du rêve, bien qu’il semble encore plus profond et plus archaïque.

2. Freud est le premier à reconnaître ces formations psychiques inconscientes. Il les comprend tout d’abord comme des oppositions au principe de réalité. Celui qui ne peut trouver dans le monde réel la satisfaction de ses pulsions est contraint d’avoir recours à des formations substitutives qui s’enracinent dans la vie imaginaire. Aussi dans son essai « Formulations sur les Deux Principes des Fonctions psychiques » (1911), Freud identifie-t-il les fantasmes aux satisfactions symboliques. L’exploration de l’inconscient devait l’amener rapidement à reconnaître la spécificité du fantasme. Celui-ci n’est assimilable, ni à un souvenir déformé, ni à une simple négation de la réalité ; c’est une entité autour de laquelle s’articule l’inconscient, et que fait surgir l’analyse.

3. Il faudrait donc admettre que l’inconscient possède un certain nombre de « schémes structurants » qui transmettent des bribes d’histoire, transcendent tout vécu personnel d’une manière quasi héréditaire. C’est ainsi que l’on pourrait rendre compte de l’étonnante similitude des fantasmes découverts par l’analyse. Ces images archétypiques, transmises par l’inconscient coliectif, s’articuleraient ensuite en termes de désirs, dans la problématique individuelle du sujet. Cette conception aboutit à reconnaître l’existence de fantasmes originaires.

4. Ce fut l’analyse d’un névrosé obsessionnel, « L’homme aux loups », qui confronta Freud à l’existence de ces fantasmes. Le plus important sera celui de la « scène primi-