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Acte manqué

1. En psychanalyse, on appelle actes manqués un ensemble de phénomènes qui se produisent lorsqu’un individu s’exprime ou agit autrement qu’il n’avait l’intention de le faire. Cette notion englobe des erreurs d’expression (lapsus), de lecture ou d’audition, qui se traduisent par des interversions ou des confusions et qui font souvent dire à un individu le contraire de ce qu’il voulait dire. D’autres phénomènes résultent de l’oubli momentané d’un mot ou d’un projet. Certains enfin se caractérisent par des pertes incompréhensibles d’objets familiers. Ce sont des incidents apparemment insignifiants, qui n’ont guère de conséquence pratique. C’est pourquoi ils ne donnent lieu qu’à de faibles émotions.

2. L’individu peut ne pas s’en apercevoir. Quand il lui arrive de prendre conscience de l’écart existant entre son intention et le résultat obtenu, il l’explique volontiers par son inattention ou par le hasard. Il est possible encore de recourir à des explications d’ordre physiologique. Ainsi les lapsus se produisent souvent quand on est fatigué ou que l’on souffre d’un mal de tête. Cependant Freud a montré dans « Psychopathologie de la vie quotidienne » (1901) qu’il ne s’agit pas simplement d’un fonctionnement défectueux de l’appareil psychique, mais d’actes psychiques complets, dont l’étude peut avoir une portée profonde.

3. Pour Freud, les actes manqués sont des formations de compromis, qui naissent de l’opposition de deux tendances ou intentions concurrentes, dont une est manifeste et l’autre latente. À travers l’acte manqué, l’individu résout ce conflit, en manifestant de façon déformée la tendance latente. Le lapsus peut être ainsi un compromis entre une intention respectueuse relevant de la volonté consciente du sujet, et une intention injurieuse refoulée. Pour cette raison, l’acte manqué est en même temps un acte réussi : il est l’expression d’un désir inconscient.