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Retour à Freud

Le rôle grandissant joué par les psychothérapies et les méthodes psychologiques inspirées de la psychanalyse comme la dynamique de groupe, qui recourent partiellement à certaines techniques analytiques, tend à les faire confondre dans l’esprit du public avec la psychanalyse proprement dite. C’est le cas notamment en Amérique où elles connaissent un succès considérable. Certains analystes ont voulu en conséquence redéfinir l’essence de la psychanalyse par opposition aux déviations du culturalisme et des psychothérapies dites analytiques. Ils ont même donné parfois comme but à leurs mouvements le « retour à Freud ». Tel est le cas de Jacques Lacan, directeur de l’École freudienne de Paris.

Selon Jacques Lacan, les analystes américains et les psychothérapeutes font souvent disparaître le sens même de la cure psychanalytique. Celle-ci ne peut être qu’une cure par la parole. La psychanalyse doit porter son intérêt sur l’inconscient, qui est « structuré comme un langage », retrouvant ainsi des lois analogues à celles de la linguistique et prolongeant les recherches entamées par Freud dans son essai « Des sens opposés dans les mots primitifs ».

Dès ses premiers travaux, Lacan avait mis l’accent, comme Freud l’avait fait lui-même, sur les rapports étroits de la psychanalyse avec la création poétique dans l’art et la littérature. Des écrivains célèbres comme Stefan Zweig et Thomas Mann avaient reconnu assez vite l’importance de l’œuvre de Freud, mais en France, comme plus généralement dans les pays soumis à l’influence du catholicisme, la pensée psychanalytique était restée, même après la première guerre mondiale, à peu près inconnue ou tournée en dérision. André Gide,