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Freud et Breuer se séparent bientôt. Quoique Joseph Breuer ait dû fuir les assiduités d’Anna O. et interrompre pour cette raison le traitement, il persiste à affirmer que la sexualité ne joue aucun rôle dans les causes de la maladie. Pour Freud, au contraire, la sexualité est déterminante. Si ses manifestations paraissent absentes, c’est que, pour une raison encore inconnue, toute vie sexuelle chez l’hystérique fait l’objet d’un refoulement, moyen qu’il utilise pour assurer la défense de sa personnalité profonde contre tout ce qui tend intérieurement à la modifier. La découverte du rôle de la sexualité dans la genèse des troubles hystériques ouvre la voie au développement ultérieur de la psychanalyse.


Des paroles qui libèrent

Très vite, Freud renonce à l’hypnose, à laquelle de nombreux malades sont rebelles. Celle-ci dissimule les résistances s’opposant à la mise au jour des conflits qui ont provoqué la maladie. Pour continuer d’avoir accès aux souvenirs oubliés par le malade, Freud utilise les travaux de Bernheim sur la suggestion. Désormais, il harcèle ses malades de questions, jusqu’au jour où l’un d’eux prononce la phrase décisive : « Mais enfin, docteur, laissez-moi parler. » Freud cesse alors d’interroger. Il devient ce qu’il restera toujours : celui qui permet aux autres de s’exprimer. Silencieux, placé derrière le malade allongé sur un divan, il écoute.

Un nouveau progrès est accompli avec l’emploi par le psychiatre suisse Carl Gustav Jung, premier étranger à s’être rallié aux théories freudiennes, des « expériences d’association ». Analogues par certains côtés aux tests projectifs, qui deviendront l’un des instruments privilégiés de l’investigation psychologique, les expériences d’association consis-