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vivante des loups qu’il lui faut un long moment pour être convaincu, par sa bonne accourue auprès de lui, qu’il a rêvé.

5. S’aidant de tout le matériel qu’il a recueilli durant la cure, Freud réussit à interpréter le rêve des loups. L’enfant avait entendu son grand-père lui lire des contes de Grimm où un tailleur coupe la queue d’un loup avec ses ciseaux. Par un processus inconscient de renversement, les longues queues des loups signifiaient l’absence de queue, la castration. Par un processus de déplacement, le regard fixe du rêveur était devenu celui des loups. Un autre renversement conduisait à interpréter l’immobilité comme un mouvement : celui que l’enfant avait observé vers l’âge de dix-huit mois pendant le coït de ses parents. Cette « scène originaire », qu’elle soit un souvenir vécu ou un pur fantasme, occupe une place importante dans les théories freudiennes, car elle apparaît à l’enfant comme une agression du père et se relie à ses propres excitations sexuelles.

6. Traité pour d’autres névroses une seconde fois par Freud et deux autres fois par Ruth Brunswick, une élève de Freud, l’« homme aux loups », devenu l’un des personnages les plus célèbres de l’histoire de la psychanalyse, finit par se rétablir complètement. Certains psychanalystes, en particulier Otto Rank, estiment que son rêve s’est déroulé durant l’analyse et contestent de ce fait l’argument que Freud en a tiré en faveur de ses thèses sur les névroses infantiles.

Voir aussi : Névroses, Rêve.