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Freudo-marxisme

1. Les rapports entre marxisme et psychanalyse ont fait l’objet de recherches et de prises de position dans les années qui suivent la première guerre mondiale, à la fois parmi les disciples de Freud et dans les milieux marxistes. Ces rapports ont donné lieu soit à une hostilité déclarée de l’un des types d’explication à l’égard de l’autre, soit à une influence scientifique réciproque, soit à des tentatives de synthèse, auxquelles on a donné le nom de freudo-marxisme.

2. L’une des tentatives les plus notables est celle de Wilhelm Reich. En 1929, dans « Matérialisme dialectique et Psychanalyse », il s’attache à montrer que la psychanalyse est le noyau à partir duquel peut être développée une psychologie matérialiste dialectique. Il nie la possibilité de tirer de la psychanalyse une sociologie, mais il admet que la psychanalyse permet, grâce à sa méthode, de découvrir les racines pulsionnelles de l’activité sociale. Selon Reich, la libido sublimée devient, comme force de travail, une force productive.

3. Dans ses travaux ultérieurs et notamment dans « Psychologie de masse du fascisme » (1933), Reich applique la psychanalyse à la recherche marxiste en histoire et en politique. Ainsi explique-t-il le comportement social de masses ouvrières gagnées au fascisme par des mécanismes inconscients qui agissent à titre de médiations entre l’être social et les réactions des individus. La dépendance matérielle et autoritaire à l’égard des parents dans l’enfance, le refoulement des désirs sexuels, rend l’individu fortement attaché à l’ordre bourgeois, incapable de le critiquer, suscite l’angoisse et le besoin du chef, etc. Mais des phénomènes comme le capitalisme, le fascisme lui-même, la grève, etc., ne relèvent pas pour Reich d’une interprétation analytique mais de la théorie sociale, c’est-à-dire, à ses yeux, du matérialisme historique classique.